Dimanche 25 octobre. Il pleut. Dans la rue. Sur nos écoles. C’est gris, comme le fait remarquer le rapport McKinsey commandé par notre ministre et rendu public juste au début des vacances. Le rapport nous rappelle que plus d’un million de personnes sont à l’école, dont 90 % d’élèves. Notre région exsangue y consacre 6 milliards d’Euros chaque année, grâce la charitable assistance financière de nos concitoyens flamands et de l’Europe.
C’est alors que McKinsey lâche la terrible nouvelle :
La croissance de la population scolaire pour les années à venir sera soutenue (+7 % pour les 10 années à venir).
Oiseau de mauvais augure, McKinsey ! N’y a-t-il pas une bonne nouvelle réjouir mon dimanche matin ? Si ! La page 65 :
Par comparaison avec l’international, il apparaît que le niveau de financement en FWB dépasse « la frontière utile ».
De quoi parlent-ils ? Est-ce la frontière entre l’utile et l’accessoire ? La page 61 me semble clarifier :
Des dépenses publiques supérieures à d’autres pays en regard de l’efficacité et de l’équité du système.
Autrement dit, nous pourrions faire mieux avec moins. Cela me ravit autant que si je venais de trouver un petit coffre rempli d’or dans les soubassements de ma maison délabrée. Dans sa bonté, McKinsey nous indique même où chercher ce coffre :
Les réseaux qui dépensent plus par élève n’obtiennent pas de meilleurs résultats aux évaluations et ne présentent pas un taux de redoublement inférieur.
C’est qui, c’est qui ! ? Je veux des noms !
Le texte a-t-il été censuré ? Il ne nomme personne… Il faut examiner les graphiques qui nous montrent trois élèves qui ont le même niveau socio-économique : l’un dans le réseau officiel « Wallonie-Bruxelles enseignement », l’autre dans le réseau communal et le dernier dans le réseau libre catholique. Celui qui obtient le meilleur score au CEB est aussi celui qui coûte le moins à la collectivité. C’est l’élève de l’enseignement catholique… Comment font-ils ? Moi qui pensais qu’ils perdaient justement sur le temps de math et de grammaire en faisant la messe tous les jours, j’imaginais de moins bons résultats. Non, ce sont les meilleurs et les moins chers ! La Villa Lorraine au prix de la cantine d’Ikea. Comment le réseau libre catholique réalise-t-il ce prodige ?
Ma première hypothèse est mystique. Dans « réseau libre catholique », il y a « catholique ». Peut-être Jésus donne-t-il un coup de pouce ?
Une autre hypothèse est basée sur la nature humaine. Personnellement, je ne suis pas tellement convaincu que ces écoles, très catholiques lors du pacte scolaire de 1959, le soient encore tant que cela. Si quelque chose les distingue des écoles officielles, je pense que c’est surtout la liberté. Nous sommes dans l’enseignement libre. Qu’on finisse peut-être de déconfessionnaliser nos écoles une bonne fois pour toutes. Mais surtout, qu’on les laisse libres. Libres de bien faire. Libres de bien dépenser.
Savoir qu’il y a de l’argent à récupérer c’est bien. En attendant, les écoles poubelles de Bruxelles sont encore là, épuisées, laissant dépérir une génération de plus. McKinsey en parle aussi, comme nous le verrons dans le prochain article.

Contribuer au diagnostic du système scolaire en FWB
Rapport à la Vice-Présidente, Ministre de l’Education, de la Culture et de l’Enfance
Juin 2015
McKinsey&Company