[Cette histoire fut reti­rée du livre pour redon­dance sur le fond. Ce mode d’em­ploi mis à dispo­si­tion sur inter­net servira peut-être certains collègues.]

Le grand local infor­ma­tique est équipé de six magni­fiques ordi­na­teurs de dernière géné­ra­tion installé le long des murs. Inutile de réser­ver la salle : le plus souvent, elle est libre. Le centre de la classe est occupé par une grande table pouvant accueillir vingt élèves. La méthode de fonc­tion­ne­ment au sein de ce local n’a rien de sorcier. Voici la recette :

  1. Instal­lez tous les élèves à la grande table et donnez leur des exer­cices clas­siques, avec un manuel scolaire ou des photo­co­pies.
  2. Pendant que la majo­rité travaille, iden­ti­fiez deux élèves dégour­dis qui disposent d’un ordi­na­teur à la maison. Montrez-leur comment allu­mer un ordi­na­teur de la salle, le mot de passe pour accé­der au système et lais­sez-les acti­ver les autres ordi­na­teurs. Anec­dote : on me raconte qu’une conseillère péda­go­gique a un jour expliqué cette procé­dure aux insti­tu­trices. Je me demande si elle n’au­rait pas mieux fait de le montrer aux enfants.
  3. Lorsque tous les ordi­na­teurs sont acti­vés, nommez six élèves qui se choi­sissent chacun un binôme et s’ins­tallent devant chacun des ordi­na­teurs pendant que le reste de la classe pour­suit son travail à la grande table. Les douze élèves utilisent alors un didac­ti­ciel, effec­tuent une recherche de docu­men­ta­tion ou regardent une vidéo sélec­tion­née par vos soins. Avant de venir au local infor­ma­tique, vous en aurez discuté le contenu en classe.
  4. Après vingt minutes, envoyez l’autre moitié de la classe aux ordi­na­teurs. Avant de sortir, ce sont les élèves qui éteignent propre­ment les ordi­na­teurs.

Chaque fois que j’entre dans un établis­se­ment scolaire, je ressens une émotion certaine. On va me deman­der : “Que voulez-vous qu’on fasse avec ces ordi­na­teurs dans nos classes ?” Alors, j’hé­site à répondre que les enfants, eux, savent bien ce qu’ils en feraient.

Bruno Devau­chelle

Ce n’est pas plus compliqué que tech­nique, mais mes collègues semblent trou­ver ce fonc­tion­ne­ment de base mysté­rieux. C’est une ques­tion d’état d’es­prit : même en mettant à part la dimen­sion pure­ment infor­ma­tique, j’ai rare­ment été témoin de recherches colla­bo­ra­tives orga­ni­sées parmi les élèves dans les écoles où j’ai travaillé.